Collecte de fonds

La CFLB était un petit organisme qui répondait à un besoin quelque peu incompris au sein d’un pays jeune et en pleine croissance. Recueillir des fonds a toujours été un défi. Le ministère de L’Éducation de l’Ontario a aidé en accordant une petite subvention pour les livres, mais les besoins étaient plus grands. Voici deux histoires portant sur les efforts de collectes de fonds : les mésaventures de Arthur Gate’s Dominion Textile Press et l’histoire sentimentale de « M. Goodheart ».

Dominion Textile Press

Arthur Gate était un « collecteur », un terme qui désignait une personne sollicitant des gens pour des dons. Vers 1909, la CFLB a embauché Gate pour recueillir des fonds en Ontario et vers l’ouest jusqu’à Winnipeg. Il était payé à la commission, « une rémunération beaucoup trop faible, selon ses dires, mais qui, plus tard, s’est révélée beaucoup trop élevée » selon ce que le bibliothécaire de la CFLB a écrit.

Le conflit entre le CFLB et Gate au sujet des activités de celui-ci a entraîné la démission du bibliothécaire. Gate a continué à solliciter des dons (négociant peut-être avec ses anciens liens de la CFLB). Finalement, il a lancé Dominion Textile Press qui a publié un magazine imprimé en relief pour les lecteurs aveugles. Le contenu comprenait des histoires publiées par d’autres magazines. Gate l’a envoyé gratuitement à tous les aveugles dont il avait obtenu le nom. Il l’a aussi envoyé aux bibliothèques publiques, en échange d’une lettre de soutien qu’il a ensuite utilisée pour solliciter des dons.

La résolution concernant Dominion Textile Press, le 13 juillet 1919 par l’Ontario Association for the Blind

C’était un magazine affreux, selon certaines sources. Il était de mauvaise qualité, contenait de nombreuses erreurs et était imprimé dans le format d’impression en relief le moins populaire. Cependant, ce magazine a permis de recueillir des fonds qui, s’ils n’avaient pas été détournés, auraient pu soutenir des organismes légitimes pour les Canadiens aveugles. Ceci a mené à une condamnation par des groupes tels que l’Ontario Association for the Blind.

Il s’agit ni plus ni moins d’une escroquerie qui utilise les personnes aveugles et leurs besoins comme moyen facile de plumer les gens de ce pays
— Sherman Swift
Sherman Swift à l’Honorable Walter Scott, premier minister de la Saskatchewan
Lettre - non datée (4:08)
Sherman Swift à l’Honorable Walter Scott, premier minister de la Saskatchewan

Le bibliothécaire de la CFLB, Sherman Swift, a décrit Dominion Textile Press comme « ni plus ni moins une escroquerie qui utilise les aveugles et leurs besoins comme moyen facile de plumer les gens de ce pays… Le simple fait que les promoteurs de cette entreprise méprisable aient été assez intelligents pour agir conformément à la loi en utilisant un format d’impression en relief pour publier un tel torchon ne rend pas l’affaire plus honnête ou sincère…. »

Arthur Gate à Sherman Swift, bibliothécaire de la CFLB

Après la débâcle de Gate, la CFLB a modifié sa tactique de collecte de fonds en lançant des appels dans les journaux.

M. Goodheart

M. Goodheart fait un don à la Canadian Free Library for the Blind (audio ci-dessous)

Au début de la Première Guerre mondiale, les Canadiens qui avaient de l’argent pour faire un don se sont concentrés sur les organismes de secours de guerre. Il était difficile de recueillir des fonds pour les civils handicapés.

L’une des stratégies de collecte de fonds de la CFLB était de rédiger des histoires sentimentales à publier dans les journaux comme encarts. Le récit fictif qui a fait pleuré intitulé « M. Goodheart » en était un exemple.

Plusieurs milliers de volumes dans tous les systèmes d’impression en relief d’utilisation commune par les aveugles
— "Tom Browning"
M. Goodheart (7:12)
M. Goodheart fait un don à la Canadian Free Library for the Blind ( Lire la transcription du texte narré)

Dans ce récit fictif, une personne aveugle nommée Tom Browning étonne la personne voyante, « M. Philo Goodheart », en expliquant comment les livres en braille sont envoyés de la bibliothèque par la poste, ce qui permet à Tom de « découvrir une vaste collection de livres et de publications périodiques... plusieurs milliers de volumes dans tous les systèmes d’impression en relief d’utilisation commune par les personnes aveugles et en plusieurs langues. Ces livres sont prêtés aux emprunteurs de toutes les régions du Canada ». Tom explique que le bureau de poste transporte gratuitement ces grands et nombreux volumes au moyen du  courrier. (La relation avec le bureau de poste est illustrée à la section 4 de cette exposition.) L’étonnement de M. Goodheart se transforme en préoccupation lorsqu’il apprend que la philanthropie en temps de guerre a coupé les fonds pour la bibliothèque, « menaçant de la tuer par la famine ». Peu de temps après, il signe un « chèque de 100.00 $ libellé à l’ordre de la Canadian Free Library for the Blind ».