La lecture par le son : l’ère pré-numérique

Livres parlés sur bande 

Le son enregistré sur bande, plutôt que sur des disques longue durée robustes, était une autre percée dans la technologie de la lecture. Les livres enregistrés sur une bande magnétique ont permis un temps de lecture plus long. Les lecteurs de bande magnétique ont évolué au cours de la période. Un système de bandes volumineuses au milieu des années 1960, développé par le Royal National Institute for the Blind, a été décrit comme un « monstre encombrant » en raison de sa taille et de son poids, mais il pouvait fonctionner pendant 21 heures. L’année 1967 a vu l’apparition de la « tapete », de la taille d’une main, un dispositif beaucoup plus compact et léger. Il ne pesait que sept onces et pouvait fonctionner pendant 12 heures.

En 1962, INCA a passé sa première commande de 200 machines à livres parlés enregistrés sur bande magnétique et 600 cassettes. Les lecteurs étaient enthousiastes, à un point tel que la bibliothèque avait du mal à répondre à la demande.

Services de transcription

Soundscriber

Un avenir plus radieux pour ces aveugles canadiens qui se dirigent vers l’enseignement supérieur
— Bibliothécaire de l’INCA, R.W. Beath

Vers la fin des années 1950, la Bibliothèque d’INCA a commencé à coordonner des bénévoles en vue d’enregistrer des livres pour les étudiants sur des disques de « Soundscriber » donnés. Un Soundscriber était une machine à dicter qui inscrivait le son sur un disque de vinyle souple et flexible. Ces appareils étaient destinés à une utilisation interne et leur cycle de fonctionnement était bref, mais le système offrait aux étudiants des textes auxquels ils n’auraient peut-être pas eu accès autrement. Le bibliothécaire en chef, R.W. Beath, a exprimé « l’espoir d’un avenir plus radieux pour ces aveugles canadiens qui se préparent à suivre des études supérieures ».

Kate Aitken (3:01)
Extraits de la transcription radiophonique de Kate Aitken, de septembre, 1954
(Lire la transcription du texte narré)

L’animatrice radio Kate Aitken, une personnalité de la radio canadienne des années 1940 et 1950, a parlé de sa visite du site du projet dans son émission de radio en septembre 1954. Elle a dit ceci à ses auditeurs : « il y a deux salles de lecture, chacune ayant un Soundscriber et dans ces salles, des lecteurs font des enregistrements d’ouvrages techniques, de livres de droit, de manuels de mécanique, d’enquêtes historiques et de tous les volumes standards utilisés par l’étudiant dans ses études spécifiques ». Deux infirmières « se trouvant parmi eux pour enregistrer une histoire technique médicale extrêmement difficile pour un étudiant qui doit apprendre ce sujet difficile par l’ouïe et le toucher » sont venues pour un avis particulier.

Les lecteurs bénévoles ont enregistré des livres sur demande. L’enregistrement peut prendre d’un à trois mois, selon la longueur du livre.

National Broadcast Reading Service 

Selon eux, les deux choses qui manquaient le plus aux Canadiens aveugles étaient de voir le visage de leurs petits-enfants et de lire le journal. Il s’agissait là des réponses à la suite d’une enquête menée à l’échelle du pays au milieu des années 1980 sur leurs besoins non comblés.

Fran Cutler décrit le début de Voice Print (1:06)
Fran Cutler a été l'auteure du rapport de l’INCA « The Right to Know » (Le droit de savoir), qui a permis d'ouvrir la voie au National Broadcast Reading Service. Elle parle de ce projet visant à répondre aux besoins d’information des personnes vivant avec une perte de vision

Les défenseurs ne pouvaient rien faire au sujet des petits-enfants, mais ils savaient qu’ils pouvaient aider les aveugles à lire le journal. Dans certaines villes américaines, des bénévoles ont lu et enregistré des articles de journaux et les ont transmis à des récepteurs spéciaux. Le rapport d’INCA de 1988, intitulé « The Right to Know » (Le droit de savoir), a conduit à la création d’une version canadienne de ce système : le National Broadcast Reading Service (NBRS). INCA, l’industrie et le gouvernement ont créé un nouvel organisme à but non lucratif en vue de fournir des journaux lus par des volontaires qui seraient diffusés à l’échelle nationale, en utilisant la chaîne de télévision par voie audio secondaire (SAP).

L’équipe qui a finalement lancé le service en 1990, sous le nom de « VoicePrint » avait besoin de l’approbation du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour des espaces réservés aux services de télévision par câble. Ils avaient aussi besoin d’un financement durable. Les deux objectifs ont finalement été atteints et l’incertitude du financement fondé sur les subventions a été résolue lorsque le CRTC a accepté de placer un prélèvement par abonné sur les entreprises de câblodistribution, connu sous le nom de « frais d’acheminement du signal ».

En 2004, des centaines de bénévoles contribuaient à produire des versions audio des nouvelles imprimées provenant de plus de 100 journaux et magazines quotidiens et communautaires, pour atteindre plus de 8 millions de maisons canadiennes par câble, par satellite et en ligne.

En plus de VoicePrint, en 1995, le NBRS a lancé Audio Vision Canada (AVC) pour produire et distribuer des vidéos descriptives. Les deux divisions sont actives aujourd’hui sous le nom d’AMI-audio et AMI-TV, dans le cadre d’Accessible Media inc. (AMI), qui diffusent des programmes originaux ainsi que des nouvelles et des mises à jour de l’information sous forme de narrations, et comprennent le service en français AMI-télé.