Braille
Même si le braille a gagné la « guerre des points » et qu’il est devenu le système standard pour l’impression en relief au début du 20e siècle, il ne s’agissait toujours pas d’un code unifié unique. Des systèmes de braille concurrents et conflictuels étaient utilisés. Les experts reconnaissaient que ces différences devaient être résolues pour l’application de l’impression et de l’éducation en braille à grande échelle. En outre, le braille devait s’adapter aux temps. Les codes ont dû être révisés afin que les utilisateurs du braille puissent avoir accès à l’information dans tous les domaines dont ils avaient besoin, y compris les mathématiques, les sciences et la musique. Un document d’INCA intitulé « Le braille aujourd’hui » indiquait que « la technologie moderne a permis aux personnes aveugles de manipuler des équipements hautement sophistiqués. Les personnes aveugles souhaitent ainsi avoir un accès facile aux nouveaux renseignements. Étant donné que les renseignements sont disponibles et que les gens souhaitent les obtenir, les centaines de braillistes officiels bénévoles au Canada et aux États-Unis veulent trouver un moyen de les fournir. Le seul moyen d’y parvenir est d’élaborer de nouveaux symboles et de nouveaux moyens de présenter des renseignements en braille ». Ce sentiment est régi par la conviction que l’accès à l’information est un droit.
Alors que des experts, y compris le successeur de Sherman Swift, le bibliothécaire en chef d’INCA R.W. Beath, travaillaient à élaborer et à simplifier les règles et le code du braille, la nouvelle technologie venait faciliter l’écriture et la lecture en braille. En 1952, Beath a invité le personnel d’INCA à une démonstration d’un lecteur de braille expérimental d’IBM qui enregistrait du braille sur une bande au lieu d’une page. Il a indiqué que c’était simplement une expérience et que « la valeur de l’appareil n’avait pas encore été éprouvée ». Toutefois, il a estimé qu’il s’agissait d’« un appareil remarquablement ingénieux ».
En outre, à l’horizon : l’automatisation du texte en braille, ou la traduction en braille. Une démonstration de la nouvelle technologie à Toronto a permis de constater que « la procédure crée, en quelques minutes, une plaque d’impression surélevée en braille adaptée à la production de livres... (elle) devait être mise en œuvre sans tarder pour compenser la grave pénurie de traducteurs en braille qualifiés dont la formation dure normalement deux ans ». Un article du New York Herald Tribune de 1 959 conservé dans les archives d’INCA, intitulé « L’ordinateur traduit de l’anglais en braille », a signalé une autre démonstration de la nouvelle technologie : « Un cerveau électronique aussi grand qu’un terrain de basket-ball a traduit, hier de l’anglais en code braille cahoteux pour les personnes aveugles... » La note manuscrite jointe était adressée au directeur d’INCA, Col Baker, et mentionnait : « L’Âge de la machine est arrivé... »
Transcription en braille
La transcription en braille impliquait une formation spécialisée. Le service de transcription en braille a commencé officiellement en 1963, bien que les cours pour les transcripteurs de braille officiels bénévoles aient commencé quelques années auparavant. Un article de journal de 1 961 portant sur les 75 bénévoles du service de transcription en braille d’INCA faisait état du « besoin urgent » d’avoir au moins 25 bénévoles supplémentaires. Le travail du groupe comprenait la transcription en braille de livres entiers, y compris des textes du secondaire et de l’université, la transcription en braille des œuvres d’auteurs canadiens et la transcription d’œuvres en français, en espagnol et en latin. Pour un bénévole, un cours de formation de cinq mois signifiait un engagement de 90 minutes par semaine, en plus de cinq à six heures de devoirs par semaine.
La musique
Louis Braille, qui a inventé le système braille de points, était musicien et il a développé un code en braille pour la musique au début des années 1830. De nombreuses personnes ayant une déficience visuelle étaient impliquées dans le domaine de la musique à des fins professionnelles ou récréatives, de sorte que la musique a toujours fait partie des activités et des fonds de la Bibliothèque d’INCA. En voici quelques-uns :
- Le service national de transcription de musique en braille. INCA a organisé ce service à partir de 1955 et l’a transféré de Montréal à Toronto en 1982.
- Un secrétaire du Comité de musique, nommé en 1942, était chargé d’établir des normes pour un certificat d’accordeur de pianos, et de créer « un intérêt partout au Canada pour les efforts et les réalisations des professeurs de musique et musiciens aveugles ».
- Un consultant des services de musique d’INCA chargé de conseiller et d’aider les étudiants. Le service a également organisé des conférences nationales de musique et a produit un magazine de musique, lancé en 1970, intitulé « Mouthpiece».
La transcription de la musique en braille est une activité hautement spécialisée qui exige une formation considérable, tant en braille que dans la théorie musicale et l’exécution de la musique. La lecture de la musique en braille présente ses propres défis : elle peut être organisée sur la page dans différents formats et, comme le souligne un article de 1 996 sur la bibliothèque musicale, « alors qu’un musicien voyant peut absorber de nombreuses informations musicales en jetant un seul coup d’œil sur une page de musique, le musicien aveugle exige que chaque détail de cette page imprimée soit transcrit en notation musicale braille. La musique doit ensuite être mémorisée, note par note, barre par barre, avant même qu’il soit possible d’étudier les aspects techniques et musicaux d’une composition ».