Un obus éclairant allemand avait illuminé le paysage désolé... pendant que je le regardais, une balle a fracassé la voûte de mon nez et m’a laissé à la merci de l’obscurité et de mes amis.
— E.A. Baker

E.A. Baker était voué à un avenir brillant, avant que son service en temps de guerre ne change le cours de sa vie. Le dirigeant d’INCA en devenir est né dans une maison de ferme en pierre, en 1893, près de Kingston en Ontario, et a obtenu un diplôme en génie électrique de Queen’s University. Baker s’est enrôlé dans le 6e Escadron de génie du Corps expéditionnaire canadien en février 1915. Huit mois plus tard, le jeune homme de 22 ans a pénétré dans une tranchée qui avait été partiellement remplie et a immédiatement reconnu le danger. « Je me suis retrouvé la tête et les épaules au-dessus de la tranchée. Un obus éclairant allemand avait illuminé le paysage désolé… Je me souviens de m’être demandé si l’ennemi pouvait nous voir. Je pense que la dernière chose que j’ai vue était cet obus éclairant brillant qui flottait, puisque, pendant que je le regardais, une balle a fracassé la voûte de mon nez et m’a laissé à la merci de l’obscurité et de mes amis ».

Baker est allé au foyer St. Dunstan à Londres pour sa réadaptation. L’expérience qu’il a acquise à St. Dunstan a été une leçon de philosophie de la vie qui a influencé son travail ultérieur à la barre d’INCA. Il s’agissait d’une philosophie d’autonomie : s’il pouvait le faire seul, alors il devrait le faire. À St. Dunstan, la formation et les études de Baker comprenaient le braille, la dactylographie et l’administration des affaires. ¸À des fins récréatives, il a pratiqué l’escrime et la godille. Grâce à ces expériences, Baker a développé sa confiance et sa croyance fondamentale en l’indépendance pour les personnes ayant une perte de vision.

Baker est retourné au Canada en septembre 1916 et il a trouvé un emploi comme audiotypiste, rédigeant et transcrivant des rapports de problèmes sur le terrain à l’Ontario Hydro Electric Power Commission à Toronto. Il s’est rapidement impliqué dans les travaux pour les personnes vivant avec une perte de vision au Canada en prononçant des discours dans le cadre d’événements de collecte de fonds et de rassemblements pour les obligations de la Victoire, et en se joignant au conseil de la Canadian Free Library for the Blind. Il était très conscient que le Canada n’était pas préparé au retour des soldats aveugles blessés de guerre et savait que de meilleurs services étaient requis. À l’âge de 25 ans, en 1918, Baker a été nommé à un poste du gouvernement pour prendre en charge le programme de postcure destiné aux soldats aveugles canadiens.

Baker et six autres Canadiens vivant avec une perte de vision ont été les fondateurs d’INCA. Baker a tenu les rênes de l’organisme pendant quatre décennies. Un homme d’une énergie apparemment inépuisable, il a eu une vaste carrière, amorçant des projets de soins et de traitements oculaires au Canada et par l’intermédiaire du Conseil mondial pour le Bien-être des aveugles, et en siégeant sur les conseils de beaucoup de fondations et d’associations. En 1967, cinq mois avant sa mort, il est devenu Compagnon de l’Ordre du Canada, « pour son travail de pionnier dans l’élaboration de formations et d’arrangements de postcure pour les Canadiens ayant une perte de vision ».