L’histoire du tarif postal
L’histoire du tarif postal
En 1898, le Canada est devenu l’un des premiers pays au monde à permettre l’envoi de livres pour les lecteurs aveugles gratuitement par la poste. Le 1er avril de la même année, le ministre des Postes a pris la parole à la Chambre des communes à Ottawa afin de déposer un projet de loi visant à modifier la Loi sur les postes. Sir William Mulock a expliqué à la Chambre que l’impression en relief permettait aux « malheureux aveugles qui ont perdu le précieux trésor de la vue » de lire, mais les frais d’affranchissement de ces livres « de grande taille, encombrants et très lourds » étaient prohibitifs. Mulock a précisé que lorsque la Bible serait préparée pour les lecteurs aveugles, les frais atteindraient « près de 4,80 $ » et, par conséquent, il a proposé son amendement afin de veiller à ce que « les livres destinés aux aveugles soient envoyés gratuitement par la poste ».
Les mots consignés dans le Hansard se lisaient : « Je suis sûr que tous les membres de cette Chambre approuveront cette suggestion ».
Sir CHARLES TUPPER. « Bravo! »
Sir William a proposé l’amendement à la Loi sur les postes qui a permis l’« exemption de franchise », comme on l’appelait. Mulock avait des raisons personnelles de soutenir cette initiative. Il était motivé par le souvenir de deux amis proches de jeunesse qui étaient aveugles. « Dès que je suis entré au gouvernement, j’ai commencé à m’occuper des problèmes des aveugles, » a-t-il dit pendant une entrevue, ajoutant que ses deux amis aveugles sont devenus des accordeurs de pianos et qu’« ils étaient très compétents ». L’exemption de franchise a aussi été soutenue par les directeurs des écoles pour les personnes aveugles de Halifax et de Brantford. Il se peut qu’Edgar Robinson, fondateur de la Canadian Free Library for the Blind (CFLB), ait aussi appuyé l’idée ; sa veuve a soutenu que dans les faits, c’était l’éloquence convaincante de son mari qui avait permis d’obtenir l’affranchissement gratuit pour les livres en relief.
La Bibliothèque d’INCA a rendu honneur à Sir William au 40e anniversaire de l’amendement par une statuette en argent représentant un facteur portant un livre en braille. Des utilisateurs de la Bibliothèque avaient offert des dons en argent et écrit des lettres pour souligner l’importance de permettre l’affranchissement gratuit des livres pour les personnes aveugles. Une centaine parmi les meilleures lettres, reliées dans un volume en cuir, ont été présentées à Mulock avec la statuette.
Courrier et livres parlés
En 1934, Postes Canada a suggéré que les livres parlés, la toute nouvelle technologie de lecture, ne seraient pas considérés comme des « livres » au sens de la Loi sur les postes et a proposé un taux réduit, « un prix simplement pour la forme ». Toutefois, en 1942, INCA avait persuadé le bureau de poste d’éliminer complètement ces frais. Cette année-là, le gouvernement canadien a accordé l’affranchissement gratuit pour les livres parlés pour les personnes aveugles. Dorénavant, les disques de livres parlés pouvaient être envoyés partout au Canada, à Terre-Neuve, aux États-Unis et au Mexique sans frais d’affranchissement. Un lien familial intéressant existait par rapport à l’exemption originale de franchise de 1 898 : le petit-fils de Sir William Mulock, l’honorable colonel W.P. Mulock, K.C., était le ministre des Postes au moment de la décision de 1942.
Quatre ans plus tard, le Bureau de poste a répondu aux besoins des Canadiens aveugles dans les régions éloignées du Canada. Étant « désireux d’alléger le fardeau des personnes aveugles par tous les moyens possibles », Postes Canada a convenu de fournir le transport aérien gratuit pour les livres parlés aux bureaux de poste desservis uniquement par avion, étendant le service de la Bibliothèque au Yukon, aux Territoires du Nord-Ouest, à l’Arctique de l’Est et de l’Ouest, au nord du Québec et aux îles de la Madeleine.