La plus grande réalisation de Bert

Edgar Bertram Freel (Bert) Robinson a fait ce qu’aucun autre aveugle canadien n’avait encore réalisé avant lui : il a obtenu son diplôme d’une université canadienne (Trinity College de l'University of Toronto en 1893). Son père, un médecin, transcrivait les textes d’école de son fils dans le système d’impression en relief que Bert avait appris à utiliser à l’école pour les personnes aveugles à Brantford, en utilisant seulement un stylet. (Même si le braille est finalement devenu le système prédominant, à ce moment, plusieurs systèmes d’impression en relief étaient utilisés par des lecteurs aveugles. Bert Bertram Freel connaissait bien celui qui s’appelait le « New York Point. ») 

Bert Bertram Freel  et son père ont aussi imprimé un magazine pour les lecteurs aveugles, en utilisant l’original fabriqué de plaques de plomb, et en faisant tourner des feuilles de papier mouillées à travers une essoreuse à vêtements.

La cécité rend possible une vie mentale plus intense
— Bert Robinson

Bert Robinson est à l’origine d’une autre première : il a écrit la première publication canadienne par un auteur aveugle sur la cécité. Dans le livre « The True Sphere of the Blind » publié en 1896, il a affirmé que « la cécité rend possible une vie mentale plus intense » et qu’au lieu de faire carrière dans des métiers, les personnes aveugles devraient travailler dans des domaines qui exigent des études et qui favorisent l’activité intellectuelle. Son livre examinait l’éducation offerte aux personnes aveugles de son époque. Il a inclus une discussion approfondie sur « l’impression tangible », les différents systèmes d’impression surélevée ou en relief, y compris le braille, qui ont donné aux lecteurs aveugles la possibilité d’utiliser les types de documents écrits qui avaient permis à Robinson lui-même de faire des études supérieures.

La plus grande réalisation de Bert Robinson a été de lancer la Canadian Free Library for the Blind. Dans la  maison en briques rouges de deux étages de son père à Markham, en Ontario, il a mis en place la première bibliothèque canadienne pour les personnes aveugles qui n’était pas associée à une école pour les personnes aveugles. Il a commencé par des livres de sa propre collection, y compris les prix qu’il avait gagnés à l’école et les textes du collège que son père avait copiés à la main.

Bert Robinson avait des intérêts très variés. Il était membre de la Commission scolaire de Markham (où il a rencontré sa future femme, Marion). Il était secrétaire de l’Association de crosse de Markham et membre du club de dames, en plus d’être un passionné d’échecs et un joueur de cartes (il utilisait un jeu de cartes marqué en impression surélevée). On le décrivait comme « un grand foncé avec une barbe comme celle de Van Dyke qui méritait un deuxième regard ».