Le déclenchement de la Première Guerre mondiale au cours de l’été 1914 a mené à la première expérience concrète avec les anciens combattants blessés au Canada. Les répercussions liées aux soldats aveugles blessés de guerre ont dépassé leurs nombres relativement petits.
Moins de 200 militaires canadiens ont été libérés comme personnes aveugles, mais le sort des jeunes qui sont devenus aveugles au service du roi et du pays a profondément influencé leurs compatriotes. L’historien officiel des services médicaux au Canada pendant la guerre, Sir Andrew Macphail, de la Faculté de médecine de l’Université McGill, a écrit que « si les blessures de l’œil en temps de guerre semblent inhabituelles, c’est parce qu’elles sont souvent mortelles ».

Au début de la guerre, certains Canadiens ayant des blessures oculaires liées à la guerre étaient envoyés au St. Dunstan’s Hostel for Blind Soldiers and Sailors (foyer pour soldats et marins aveugles) en Angleterre. Le fondateur du foyer, Sir Arthur Pearson, devenu aveugle en raison d’un glaucome, était un riche magnat de la presse britannique qui a ouvert St. Dunstan pour former des soldats aveugles afin qu’ils deviennent des « citoyens utiles ». Sa philosophie était d’enseigner l’indépendance et la confiance. « Au moment même où il serait plus naturel qu’ils soient désespérés, je voulais qu’ils soient étonnamment intéressés. Je voulais qu’ils soient amenés à considérer la cécité non pas comme une affliction, mais comme un handicap, pas seulement comme une calamité, mais comme une possibilité. » À St. Dunstan, les anciens combattants ont bénéficié de la réadaptation et acquis les compétences requises pour mener une vie productive et satisfaisante. Les dirigeants canadiens influents qui ont suivi, en particulier E.A. Baker et Alexander Viets, avaient des perspectives qui découlaient de la philosophie de Pearson et de la formation de St. Dunstan.
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Le traitement des anciens combattants canadiens aveugles de guerre n’était pas uniforme. Certains sont allés à St. Dunstan et d’autres ont été renvoyés chez eux, malheureusement, sous la fausse hypothèse que des services seraient disponibles pour eux au Canada. Dans les faits, le Canada avait peu à offrir. Les écoles de Brantford, de Halifax et de Montréal étaient destinées aux jeunes, et non aux adultes. Les formations en braille, en dactylographie et en compétences professionnelles étaient limitées. St. Dunstan, en revanche, excellait dans ces domaines. Grâce aux efforts persistants de Baker, entre autres, pour la défense de cette cause, le Canada a finalement accepté de donner à tous les Canadiens aveugles de guerre se trouvant toujours en Europe la possibilité d’aller à St. Dunstan, et la possibilité d’aller en Angleterre à ceux qui étaient déjà rentrés au Canada.
L’intérêt public pour les aveugles blessés de guerre au Canada a profité aux civils tout comme aux Canadiens aveugles de guerre. La Canadian Free Library for the Blind a saisi l’occasion et a identifié publiquement ses activités avec la guerre. Dans « Our Blinded Soldiers », un article de journal offert au Toronto Telegram, le bibliothécaire de la CFLB voulait « faire savoir à ces braves soldats qui ont donné à leur pays leur possession la plus chère, l’usage de la vue, qu’il pouvait leur offrir un nouvel espoir et un nouveau départ dans la vie en leur enseignant à lire et à utiliser la machine à écrire ». Grâce à la disponibilité de fonds publics accrus et de dons privés inspirés par le patriotisme, la CFLB a promu la cause de la cécité des civils et de celle liée à la guerre au cours de ces années tumultueuses.