C’est à juste titre que le bibliothécaire en chef d’INCA, Sherman Swift, était fier de son institution. Dans une lettre de 1 940, il a écrit que « la seule bibliothèque nationale au Canada est celle dans le bureau de laquelle ces paragraphes sont écrits. Elle prête des livres pour les personnes aveugles dans toute l’Amérique du Nord britannique. Elle possède des livres sur tous les sujets imaginables et dans plusieurs langues – l’anglais, le français, l’allemand, l’espagnol, l’italien, l’espéranto, le gallois, le latin et le grec. Son matériel est emprunté non seulement par des personnes aveugles qui l’emportent chez eux et pour leur plaisir personnel, mais aussi par un nombre croissant d’étudiants vivant avec une perte de vision dans de nombreuses écoles secondaires et de nombreuses universités du Canada ».
Les rapports annuels de ses débuts, dans les années 20, offrent des aperçus d’une bibliothèque nationale occupée, servant des lecteurs ayant une variété de capacités avec différents types de livres en relief (le braille, le New York Point et le Moon). La Bibliothèque prêtait aussi de la musique et vendait du matériel d’écriture tel que « des ardoises à écrire en braille et en New York Point, du papier à écrire en braille, des cartes rainurées pour l’écriture au crayon, des cartes à jouer avec des caractères gravés, des dominos, des jeux de dames et des casse-tête spécialement conçus pour les personnes aveugles, et tous ces articles seront vendus aux personnes aveugles au prix coûtant ».
Les livres parlés sur des disques 33 tours sont apparus au milieu des années 1930 et en novembre 1935, la Bibliothèque d’INCA avait 38 titres à prêter, y compris des contes et des romans, de la poésie, du théâtre et de la littérature religieuse. Chaque titre pouvait se présenter sous plusieurs disques, selon sa durée. Comme le mentionnait un article écrit par INCA en 1935 : « Le lecteur aveugle qui désire suivre les aventures de La femme en blanc de Wilkie Collins jusqu’à sa fin bienheureuse, mais qui tarde à venir, doit écouter vingt-six disques... Les livres de l’Évangile se divisaient en dix-sept disques gravés; l’Évangile de Matthieu et l’Évangile de Luc se répartissaient en cinq disques pour chacun, l’Évangile de Jean en quatre et l’Évangile de Marc en trois disques ». Les premiers livres parlés de la bibliothèque comprenaient « Birds at Dawning » de John Masefield (11 disques) et « Lost Horizon » de James Hilton (12 disques). Des auteurs, notamment Harry Truman, Eleanor Roosevelt, Edna Ferber et Somerset Maugham, ont fait la narration de leurs propres livres pour les lecteurs aveugles. En 1937, Gregory Peck, âgé de 21 ans, a auditionné pour être narrateur à la American Foundation for the Blind. Un rapport mentionnait : « Quel chic type! Il lit très bien. On pourrait le mettre à l’épreuve quand on recevra des livres ».
En 1940, Swift était en mesure d’écrire que les étagères de la Bibliothèque soutenaient « près de 22 000 volumes en relief, ainsi que plusieurs milliers de disques de livres parlés récemment développés ». Il faisait également remarquer que la Bibliothèque possédait plusieurs milliers de pièces musicales qu’elle prêtait « aux musiciens aveugles partout dans le Dominion. Ces pièces sont généralement cataloguées et classées selon les exigences du Conservatoire de musique de Toronto ». En 1939, un comité de recherche d’INCA a examiné les besoins des musiciens et des accordeurs de pianos canadiens qui étaient aveugles. Ceci a mené à la création d’une section de musique au sein de la Bibliothèque.
Publication
Le service de publication a produit et distribué des volumes et du matériel en braille en anglais. Ceux-ci comprenaient le Braille Courier, un magazine mensuel d’actualités, qui, en 1939, comptait 500 abonnés et était aussi envoyé aux bibliothèques internationales. D’autres publications comprenaient divers « suppléments »,tels que les Housewife, Hither and Yon, Books Received, Braille Catalogue, Music Catalogue et Christmas Carols.
Certains contenus ont été produits à l’intention des écoles pour les personnes aveugles. En 1927, le directeur général d’INCA, E.A. Baker, a écrit à l’École de Halifax pour les personnes aveugles au sujet de livres en braille sur le tricotage qui incluraient des styles au goût du jour qui conviendraient au « commerce des classes aisées », mais qui ne seraient pas « soumis à la concurrence des produits fabriqués à la machine ». Si l’École d’Halifax pour les personnes aveugles voulait plus de copies de ces types de livres, il a écrit : « Je pense qu’il serait préférable pour nous de figer le contenu sur des feuilles en métal pour être en mesure de reproduire autant de copies de chacun, selon vos besoins ».
La production de manuels en relief à court préavis était une lacune dans le secteur de la publication. Comme l’a souligné Sherman Swift en 1939, c’était attribuable à l’absence « d’un corps de copistes en braille bénévoles bien formés pour produire des textes à la main. Je ne doute pas qu’éventuellement, un tel corps de transcripteurs sera formé et ouvrira la voie pour nos érudits aveugles ». Sa prédiction s’est réalisée et elle est décrite à la section 5 de cette exposition.